DMLA et Maladie de Parkinson : y a-t-il un lien ?
Contexte
Présentation lors de la session Rétine de la SFO 2023 (Société Française d'Ophtalmologie) des premiers résultats épidémiologiques et expérimentaux de l'intérêt des traitements dopaminergiques dans la prévention de la survenue et de l'évolution d'une DMLA néovasculaire.
Un design translationnel novateur mêlant Big Data et recherche fondamentale rendu possible par la collaboration de plusieurs centres, chacun experts dans leur domaine.
Résumé
Maladie de Parkinson et DMLA : Y a-t-il un lien ?
Parkinson disease and AMD: Is there a link?
Baudin F (1); MATHIS T (2); Mariet AS (1); Benzenine E (1);
Sennlaub F (3); Bron AM (1); Creuzot-Garcher C (1); Quantin C (1)
(1) Dijon; (2) Lyon; (3) Paris, France
Introduction
L’activation du GPR143 dans les cellules épithéliales pigmentaires de la
rétine par la levodopa (LDOPA), un antiparkinsonien, augmente
significativement le facteur dérivé de l'épithélium pigmentaire (PEDF) qui
diminue la production de VEGF. Des études montrent que la lévodopa
seule retarderait l'âge de la DMLA néovasculaire (DMLAn), serait efficace
sur la réduction du liquide sous-rétinien, tout en ayant un bon profil de
tolérance. Nous avons souhaité étudier l'impact d'un traitement par
dopaminergique chez les patients atteints de DMLAn.
Matériels et Méthodes
A partir d'une base de l'Assurance Maladie comportant l'ensemble des
Français ayant bénéficié d'IVT nous avons défini un algorithme permettant
d’identifier ceux qui étaient injectés pour une DMLAn et ayant au minimum
2 ans de suivi après leur première injection. Les données extraites étaient
l'âge au moment de la première IVT d’anti-VEGF, le sexe, le statut
diabétique, hypertendu et dyslipidémique, le nombre d'IVT réalisées la
première et la deuxième année, la ou les classes thérapeutiques du
traitement antiparkinsonien et leur dose journalière.
Résultats
De janvier 2008 à décembre 2016, 202 629 patients ont été traité pour
une DMLAn. Parmi ces patients, 9 117 ont été traités par
“dopaminergiques” et “autres dopaminergiques” ; parmi eux, 7 915 ont
été traités par de la LDOPA et ses dérivés et/ou des agonistes de la
dopamine. L'âge moyen (ET) au moment de la première IVT était de 79,5
ans (±8,1). Les patients traités par la LDOPA et ses dérivés, ou aux
agonistes de la dopamine, étaient plus âgés lors de la première IVT que les
patients DMLAn naïfs de traitement antiparkinsonien, 83,1 ans (±5,7) et
81,3 (±7,1) vs 79,4 (±8,1), respectivement (p<0,0001). Ce diagnostic
plus retardé persistait en analyse multivariée, en tenant compte du statut
hypertendu, diabétique, dyslipidémique, du sexe, de la prise de traitement
antinéoplasiques et anti-VIH (p<0,0001). Les patients sous LDOPA et ses
dérivés ont eu moins d'IVT dans la première, la deuxième et les 2 années
cumulées, 4,5, 1,9 et 6,4, respectivement, contre 4,9, 2,5 et 7,3 pour les
patients naïfs (p<0,0001). Cela restait significatif après analyse
multivariée (p<0,0001). Il est intéressant de noter que la dose
quotidienne de LDOPA et ses dérivés étaient inversement associées au
nombre d’IVT au cours de la deuxième année, -0,32 IVT par 250 mg/jour
de traitement par LDOPA (p=0,02).
Discussion
Compte tenu des risques associés aux injections intraoculaires d'anti-
VEGF, tels que le décollement de la rétine et l'endophtalmie, un traitement
systémique bien toléré serait d'un grand intérêt, même s'il ne permettait
que de réduire le nombre d'injections. Notre étude a montré cet effet de la
LDOPA et ses dérivés sur le nombre d'IVT nécessaires. L'effet était plus
important au cours de la deuxième année qu'au cours de la première
année, probablement parce que les patients n'ayant jamais reçu d'anti-
VEGF sont initiés avec un régime fixe au cours de la première année et
que le régime de traitement est ensuite adapté à l'activité de la pathologie.
Au vu du faible nombre de patients ayant un traitement par
antiparkinsonien et une DMLA exsudative seule une étude nationale sur
base de données permet cette analyse. Nos observations ont ensuite été
confrontées à des modèles murins.
Conclusion
Un traitement par LDOPA et ses dérivés semble être une option ou un
ajout intéressant dans l’arsenal thérapeutique de la DMLAn.
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